Apell contre la « journée internationale d’Al-Qods »

En 1979, le Guide révolutionnaire Iranien, l’ayatollah Khomeiny, déclara
le dernier vendredi du mois de Ramadan, dans le calendrier islamique,
comme une journée internationale de lutte pour la “libération” de
Jérusalem (Al-Qods en arabe). Depuis, cette journée donne lieu à des
manifestations de part le monde contre le droit à l’existence de l’Etat
d’Israël. Chaque année, à cette occasion, le régime iranien organise une
manifestation à Téhéran; le Hezbollah libanais mets en scène un défilé
militaire à Beyrouth, et, de part le monde, de Manille à Jakarta, mais
aussi à Berlin, Londres et Toronto, des manifestants demandent la
destruction d’Israël.

Nous, signataires du présent appel, ne partageons pas une analyse
commune de l’ensemble des enjeux du conflit moyen-oriental. Cependant,
nous sommes unis dans notre rejet de l’anti-sémitisme exprimé lors des
manifestations de la soi-disant “journée mondiale d’Al-Qods”, par
laquelle le régime iranien instrumentalise le conflit
Israélo-palestinien dans le seul but de consolider son propre pouvoir.
En accordant son soutien idéologique et matériel à des organisations
terroristes telles que le Hezbollah, le Djihad Islamique, et le Hamas,
le régime iranien détruit systématiquement tout espoir de paix dans le
cadre d’une solution politique.

Mais la « journée internationale d’Al-Qods » est bien plus que de la
propagande anti-sémite. C’est aussi une journée pendant laquelle la
doctrine Khomeyniste est propagée et la dictature islamiste en Iran
acclamée ; un régime responsable de la mort de centaines de milliers de
personnes appartenant à des groupes d’opposition politiques, ethniques,
et/ou religieuses. En Iran, l’apartheid sexuel est la règle ;
homosexuels et femmes soupçonnées d’adultère, menacés de lapidation.
Même en exile, les membres de l’opposition au régime iranien sont
menacés par les agents du régime ou par ses « Fatwa de mort », l’exemple
de l’écrivain Salman Rushdie n’étant qu’un parmi bien d’autres.

C’est pourquoi nous manifestons avec insistance notre solidarité avec
ces victimes de la dictature iranienne et soutenons toutes les forces
émancipatrices en Iran qui luttent pour un changement de régime,
aujourd’hui plutôt que demain.

Notre protestation s’accompagne également de la critique que nous
adressons à l’égard de cette approche généralisée au sein des sociétés
occidentales qui consiste à regarder l’Islam sous des angles raciste et
culturaliste. D’une part, les immigrants en provenance de pays
musulmans, soupçonnés d’allégeance aux groupes terroristes, sont soumis
à des traitements discriminatoires pouvant aboutir à déportation.
D’autre part, beaucoup considèrent l’islamisme simplement comme l’une
des multiples expressions culturelles musulmanes. Par voie de
conséquence, il existe une volonté importante de considérer l’islamisme
comme un mouvement influent aux seins des sociétés musulmanes et donc
d’entrer dans une sorte de « dialogue des civilisations », projet du
président iranien Khatami. Nous rejetons explicitement toute
discrimination raciste à l’encontre des musulmans dans les sociétés
occidentales et demandons une politique libérale en matière
d’immigration. En même temps, nous demandons une confrontation sans
équivoque avec l’idéologie islamiste et tous ses représentants. En
particulier, nous demandons que la lutte de ceux et celles parmi les
musulmans qui se battent pour la liberté et les Droits de l’Homme et
contre l’islamisme soit soutenue.

Les fondements politiques de l’idéologie khomeyniste nous concernent
tous, où que l’on vive et quelque soit notre appartenance religieuse et
croyance. C’est dans ce cadre que l’année dernière, pour la première
fois, une large coalition de militants allemands et non allemands s’est
publiquement opposée à la tenue de la « journée Al-Qods » à Berlin, en
Allemagne.

Cette année encore, nous renouvelons, par la voie du présent appel,
notre protestation contre la « journée mondiale d’Al-Qods ».

Pour toute information, veuillez consulter le site
www.aktion-november.de où cet appel est également disponible en
Persan, Anglais, et Allemand.

Initiateurs berlinois:

Alliance Against Anti-Semitism [BgA] Berlin
Anstoß. Verein für Basisvernetzung e.V.
Claudia Dantschke, Center for Democratic Culture
Annetta Kahane, Amadeu Antonio Foundation
Dr. Jochen Müller, Middle East Media Research Institute, Berlin
Hamid Nowzari, Association of Iranian Refugees, Berlin
Mohammed Schams, interpreter
Thomas Uwer, Wadi e.V.
Dr. Wahied Wahdat-Hagh, lecturer et journalist
Ali Yildirim, journalist AYPA-TV